JOT FAU
Les fragments qui nous constituent - RAVI - 2017

 


Les fragments qui nous constituent Parler du temps. D'un temps passé parallèle au mien. Celui qui appartient aux autres, aux murs, aux rideaux. Je le découvre parmi les matériaux que mon corps reconnait et que mes doigts comprennent. Tisser un territoire métaphysique commun qui relierait cette multitude de passés. Construire une histoire en recomposant les fragments de tissus et d’objets chargés d’histoires et du temps qui appartiennent aux hommes et aux femmes qui les ont utilisés au préalable. Collectionner – côtoyer – intervenir C’est à partir des matériaux usagés récoltés sur le territoire Liégeois durant la résidence (RAVI) qu’une palette de teintes s’est révélée. Tout a commencé au sol. Un sol recouvert de tous les matériaux constitués principalement de tissus et de fils trouvés lors de mes recherches. C’est en les manipulant que les différentes pièces s’établissent petit à petit, en parallèle, strate par strate. Le corps plié, tout proche du sol. C’est par terre que j’ai produit la plupart des interventions. Au fur et à mesure que le temps passait, les tissus se transformaient et trouvaient une nouvelle place, une nouvelle posture dans l’atelier; chaque élément déplacé brisant l’harmonie précédente. Cette volonté de déplacer, de ranger, de trier les matériaux afin de retrouver une nouvelle harmonie s’est ainsi poursuivie tout au long de la résidence. Chaque objet, chaque tissu ayant voyagé à travers l’espace en attente de nouvelles modifications et de métamorphoses inattendues a aujourd’hui trouvé sa place. Une place qui n’est pour autant pas définitive car chaque pièce peut être montrée différemment en fonction du lieu et du contexte dans lequel elle sera placée, selon mes appréciations des composantes de l’espace, de la lumière et de la couleur. Une ballade dans les fluides du velours et de la broderie des «mots muqueuses» Il me semble important de laisser le champ ouvert afin d’imaginer que chaque pièce peut encore évoluer comme un paysage se transformant indéfiniment. Quelques phrases brodées par ci par là sur les différentes pièces permettent à l’œil de voyager en attirent le regard vers des détails qui peuvent déclencher l’interprétation.
Une distance entre le visiteur et l’espace de travail a longtemps présidé à la lecture de l’œuvre dans la mesure où il fallait ôter les chaussures pour déambuler dans l’espace de travail tout en protégeant les tissus. Les pieds dénudés, la distance s’estompe et fait place à une douce familiarité permettant de découvrir le travail comme autant de paysages sensibles à la paume des mains.

Vue de l'atelier - mai 2017

Arlequin, laine et divers fils, 2017

L'eau des yeux, 2017. 125 cm x 78 cm x 105 cm, céramique et tissu brodé.
Les fragments qui nous constituent, 2017
175 cm x 125 cm x 45 cm – Laine, velours, fils de soie, de coton, de laine et synthétiques.

L'eau de la bouche, 2017. Céramique et tissu brodé, 125 cm x 78 cm x 105 cm

Rien à dire - tout à panser, 2017. Velours bleu brodé, 168 cm x 82 cm

Inquiétudes rangées, 2017. Divers objets emballés de coton blanc ou de laine